DÉBAT: "la tolérance administrative, cautionnée par le gouvernement, n'est-elle pas entrain d'installer le désordre au Cameroun?" |
Écrit par 237online |
Samedi, 15 Décembre 2012 15:59 |
Du
fait des états généraux de la communication qui se sont tenus du
mercredi 05 au vendredi 07 décembre 2012 au palais des congrès à
Yaoundé, le club de la pensée n’a pas pu atteindre son effectif ce
jeudi 06 décembre 2012, étant donné qu’il compte en son sein
plusieurs hommes de médias. Malgré tout, débats et échanges
constructifs ont meublé comme à l’accoutumée cette journée.
Cette fois-ci à l’honneur, le concept de tolérance administrative et une
interrogation majeure, celle de savoir si cette attitude n’a pas le
don d’installer le désordre dans notre pays. Avant d’y répondre, nous
avons pris le soin de préciser les différents termes, dans un exercice brillant de définition mené des mains de maître par le consultant indépendant Francis BIDJOCKA.
La tolérance est une attitude consistant
à accepter ce qu’on pourrait refuser ou interdire, ou encore ce qu’on
ne peut ou ne parvient pas à changer, à l’instar des opinions d’autrui.
C’est une attitude défaitiste. On dit alors qu’on « baisse les bras »,
« jette l’ancre » ou « laisse tomber », et on finit par accepter parce
qu’on n’a plus le choix. La tolérance peut aussi être vue comme une
vertu tendant en tout état de cause à éviter les conflits. Lorsqu’on est
tolérant dans ce sens, on accepte sans au préalable avoir essayé
d’interdire ; de refuser ou de changer.
La tolérance administrative est donc le fait pour les autorités de laisser libre cours à des choses interdites par la loi. L’administration est souvent tolérante dans des circonstances particulières. Les soirs de victoire de notre équipe nationale de football à une rencontre de grand enjeu, les débits de boisson et autres points de bien-être et loisirs sont laissés ouverts au-delà des heures légales de fermeture. Hormis les circonstances particulières, on observe une tolérance généralisée, voire déconcertante. Le domaine de la communication permet aisément de vérifier cet état de choses. A titre d’exemples, des radios émettent de partout sur le territoire camerounais alors que seuls environ 3% d’entre d’elles ont une autorisation d’ouverture ; de nombreux journaux pullulent notre territoire sans remplir les conditions légales d’existence telle l’obligation pour le directeur de publication d’avoir un contrat de travail avec au moins trois journalistes et de les affilier à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale. Dans les établissements scolaires, les élèves sont de plus en plus nombreux dans une salle de classe à un seul enseignant ; souvent plus de 120 élèves par classe au lieu de 60 plus ou moins 10%. Dans le domaine de la santé, le trafic de médicaments et la pratique de la médecine sont devenus l’affaire de tous. On a passé une année sans succès en faculté de médecine ou de droit… allez, hop… on se lance dans la vente de médicaments et on devient distributeur d’ordonnances médicales verbales. Dans le domaine du génie civil, on a droit à des vues consternantes et désolantes dans nos cités : constructions anarchiques, dans les zones à risques ou sur les terres du domaine public de l’Etat. Les hommes de dieu aussi choisissent de se mêler à la masse. On note une prolifération d’églises en tous genres et de toutes obédiences, sans que leurs promoteurs ne se soucient d’obtenir au préalable l’autorisation nécessaire.
Pourquoi l’Etat laisse-t-il faire ? Il
est difficile de répondre à cette question, autant qu’il est loisible de
constater que le désordre engendré par ce laxisme déroutant est
criard. Les conséquences à long terme sont énormes : un délégué de
gouvernement qui rase des quartiers entiers, des éboulements de terrain
avec ensevelissement d’êtres humains, pour ne citer que celles-ci.
L’on en vient à se demander à quoi ça sert de maintenir des règles de
droit qu’on est manifestement dans l’impossibilité de faire respecter.
La population croissant à un rythme
plus élevé par rapport aux institutions,
l’Etat est peut-être incapable de faire face à la demande toujours
plus grande de logement, de scolarisation, de soins de santé… Mais rien
ne justifie à notre sens la présence de débits de boisson à moins de
200 mètres des campus universitaires.
La fermeture d’un ou deux d’entre eux ne ferait de mal à personne. La tolérance administrative est si ancrée chez nous que les tentatives de retour à la norme ne sont pas évidentes et ne peuvent se faire sans heurt. Pour l’honorable NDINDA NDINDA, la tolérance administrative, au lieu d’être cette situation entraînant l’anarchie, doit être considérée comme l’écart qu’on peut admettre normalement sans que pour autant la norme ne soit transgressée. Il poursuit et conclut dès lors qu’au point où on en est, il est difficile de trouver des solutions d’un seul coup, qu’il faudra progressivement s’entendre sur les principes, sur les normes et repartir sur de bonnes bases.
Publié par camnews 24
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