18 novembre 2010

Découvrez BIDJOUKA le village homonyme de BIDJOCKA.

 Je vous invite à lire cet article publié suir le site du village Bidjouka vers Lolodorf. L'histoire relatée permet de confirmer le passage historique du Grand Chef BIDJOCKA BI TOUM par cette localité lors de son exil. En effet le nom Bidjouka vient du nom du chef bidjocka dont l'aura aura permi de fonder ce village. 
Toutefois il faut apporter un bémol à cet article selon lequel les Ngoumba en auraient chassé les bassas originaires du coin. En fait les bassas abandonnent le village à la fin de l'exil de leur leader qui rentrait reprendre son trône à Bidjocka.
Cette histoire permet d'apprécier l'importance et le grand prestige dont aura joui le Chef Bidjocka et que malheureusement certains essaient de tuer historiquement en cherchant à détruire sa mémoire (chengement du nom de la gare, création du village fantôche d'Hikoa Malép). 


BIDJOUKA - CAMEROUN - Bidjouka - CAMEROON - BIDJOUKA - CAMEROUN - Bidjouka - CAMEROON - BIDJOUKA


 POUR PLUS D'INFORMATION,consulter le site ci-dessous

 http://www.bidjoukacamer.sitew.com/
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UN PEU D'HISTOIRE

Bidjouka, petit village situé , entre Lolodorf et Kribi était d'abord habité par des bassas et des bakokos ! Ces deux peuples vivent de nos jours dans les provinces du centre et du littoral. Bidjouka comme la plupart des villages du sud Cameroun a deux principaux groupes ethniques qui vivent ensembles : les pygmées et les bantous (ngoumba, fangs, boulous). Les ngumbas seraient originaires du Congo, entrés par l'est du Cameroun en s'installant d'abord à Bongolo, Messamena, ils migrent vers Bikalla l'un de leur premier site pendant la période coloniale avec la création de la route Bipindi-Lolodorf. Puis sous leur chef de groupement NTOUNGA NZHIOU ils s'installent à Bidjouka ! ah l'époque des guerres tribales. Ils combattent les bassas et les bakokos qui se replient à Bipindi, Memel, Bilaï, Bella, Edéa et Eséka. Les vestiges des bassas et bakokos sont encore présents dans ce village: le nom Bidjouka auparavant était "Bidjocka"(du nom du chef des bassas) et la rivière "lep tsobi" ( en bassa rivière poissonneuse ) où est implanté le château d'eau ravitaille les habitants en eau potable. Autant de signes qui justifient le passage des bakokos bassas à Bidjouka. Les boulous auraient connu deux fronts de migrations : un groupe migratoire venu de ngaoundéré ( adamaoua) vers le sud en traversant le fleuve sanaga, et un groupe de la Centrafrique qui arrive de Bertoua. Ces deux s'installent dans d'abord à énongal avant de migrer vers la mer à la quête du sel. Les fangs quant à eux sont originaires du Gabon, passent par Ebolowa pour s'installer à Bidjouka.

Village de la province du sud Cameroun (chef-lieu Ebolowa) et du département de l’Océan dont le chef-lieu est Kribi, localisé dans la partie nord-ouest, Bidjouka est situé à 3°06 de latitude nord et 10° 28 de longitude Est.

Malgré le village reste dominé par les Ngumba. Peuplé d' environ 3000 âmes, Bidjouka se présente aujourd’hui comme le plus grand village du département de l’Océan . La population pratique en priorité l’agriculture. Un secteur exclusivement dominé par la culture du cacao et un secteur constitué par une variété de cultures : macabo, plantain, banane, manioc, igname, patate, taro, arachide, maïs, concombre, gombo, piment, tomate, haricot, ndolè, mango et diverses variétés de légumes... les produits vivriers sont de plus en plus commercialisés, ce qui assigne à la production vivrière un objectif de subsistance et un objectif de petit commerce.



Selon les archives de la chefferie, le chef supérieur Ngumba de l'ethnie NTI était venu de Bongolo avec plusieurs autres ethnies et clans. Il y en avait qui étaient esclaves, guerriers et conseillers. De nos jours il y a un malaise à rappeller à un jeune de Bidjouka le statut d'esclave de ses grands parents. Si l'on remonte le temps, les ngumbas sont liés aux Maka de l’Est du Cameroun et habitent une zone

allant de Mbango, sur l’axe routier Lolodorf-Ebolowa, à Ndtoua, sur un rayon d’environ 100 kilomètres. C’est l'aboutissement d’une longue série de migrations qui les a conduits du nord du Cameroun aux rives du Nyong et de la Lokoundjé. Une partie de ces migrants s’est installée au Cameroun, l’autre a continué sa pérégrination au sud de la région de Bata, dans la zone continentale de la Guinée Espagnole au début du XIXe siècle. Ils sont connus sous le nom de Bisio ou Bujeba (20).Les Mabea, les Maka et les Ngumba du Cameroun et leurs parents Bisio de Guinée Espagnole sont identifiés sous le générique «Mekuk »(expression béti) (14, 15). Ils se sont installés sur leurs sites actuels pour se rapprocher de la mer et acquérir du sel. Ntounga Nzhiou a mené ce mouvement au Cameroun pour le compte des derniers. À ce point, les Ngumba de Bipindi sont à 75 kilomètres de l’Atlantique ; leurs proches, les Mabea sont installés de Kribi à Campo ; les membres du même groupe Mekuk, les Bisio, habitent la région de Bata, le long de l’océan. Ils partagent tous un paysage de forêt*.


l'ORGANISATION

L'espérance de vie est d'environ 50 ans à Bidjouka, village d'environ 14 km est divisé en quartier, partant de Lolodorf pour Kribi nous avons :


bikassa bi ba (quartier des deux ponts),

foer puma ( quartier oranger),

bambi (abrite l'église catholique et une école primaire),

long trait généralement appelé long (résidence principale du chef de groupement ngumba, siège du marché du cacao, du centre d'état civil, du dispensaire, de l'école primaire, du foyer culturel, de l'église protestante EPA et d'un château d'eau (don des DANOIS)).

Nguiè malendi ( quartier de la palmeraie, très habité par des fangs),

guiô ( quartier de l'arbre qui produit du karité).

N'woungou ( quartier du bambou de chine)


L'organisation sociale s'articule autour d'une institution: la chefferie, qui représente à la fois l'autorité traditionnelle et l'autorité de l'état. La chefferie est calquée sur un modèle de divisions claniques et/ou de regroupements de familles ayant un ancêtre commun. A bidjouka , il y a une hiérarchie du pouvoir : le chef du groupement, un chef de village, les notables et les administrés.

Les croyances sont multiples et cohabitent en parfaite harmonie: catholiques, protestants, presbytériens (Camerounaise, Africaine), orthodoxes, néo-apostoliques, adventistes, pentecôtistes, témoins de Jéhovah, bouddhistes, baptistes, brahmanes, réveils et animistes*.

Les infrastructures éducatives et sportives locales: une école primaire existe, un collège d'enseignement secondaire est à 10 km à Bipindi. Un terrain de foot existe dans chaque quartier, le grand terrain étant à long accueille tous les grands matchs inter-village.

Infrastructures sanitaires: présence d'un centre de santé et d'une pro pharmacie.

Autres infrastructures et équipements :

L'électricité, plusieurs ménages disposent de groupes électrogènes de petite puissance pour assurer l'éclairage domestique ainsi que des plaques solaires. En général l'on s'éclaire à la lampe tempête. Pour la cuisson des aliments on a recours au feu de bois et au four à gaz (surtout pour les retraités).

L'eau potable, il y a une adduction d'eau gravitaire avec distribution dans les bornes fontaines.

Bibliothèque, ouverte pour les écoliers par un entrepreneur hélas décédé Clément Kumba, cette bibliothèque sert aussi de centre culturel et de tribunal coutumier.

Hôtel ? juste une auberge qui se trouve au pied des chutes d'eau de lep tsobi.

Curiosités du village: chutes d'eau de lep tsobi et le pied de dieu à la limite mbikiliki - Bidjouka, match de foot et la danse des pygmées.

Commerce ambulant très pratiqué par des ressortissants de l'ouest ( bamoun et bamiléké) et du nord (haoussa et arabe choa). Présence aussi de quelques épiceries traditionnelles.

On constate une baisse de la scolarisation après le CM2. Le Lycée d'enseignement général est à Bipindi (chef lieu d'arrondissement,10km de bidjouka). Causes: Grossesses précosses chez les filles, prise de responsabiltité chez des garçons ( traveaux des champs) et un manque total de ressources pour l'achat de fournitures scolaires et de logements, chute du prix du cacao!

Les habitats sont construits le long de la route selon la méthode imposée par les allemands pendant la colonisation. Les matériaux de construction utilisés sont: poto poto ou poro poro ( mélange de terre et d'eau eau), des bambous de chine, du bois et du raphia comme toiture. Avec l'arrivée des retraités dans le village, les constructions se font de plus en plus avec des matériaux modernes ( tôles ou tuiles, parpaings ou briques de terre cuites, béton etc!!!!). Il faut dire que l'enclavement de la région dû au manque de route bitumée( que les politiques ne cessent de promettre de réaliser) ne permet vraiment pas à la population bidjoukoise de se développer. Pendant les saisons de grandes pluies, la vie connaît de sérieuses perturbations tant économiques que sociales.


* (cf: WANG SONNE: historique de l'installation .......de 1896 à nos jours)

*(résultats d'enquête 2007 EFFALA GASTON)

Village de la province du sud Cameroun (chef-lieu Ebolowa) et du département de l’Océan

Faits divers au Cameroun

15 novembre 2010

BENI SOIT LE NOM BIDJOCKA !




Que signifie le nom Bidjocka ?

Ethymologiquement le nom Bidjocka ou Bitjocka ou plus exactement « Bitjaga » vient du mot bassa Tja  (prononcer tcha) qui signifie payer, s’acquitter d’une dette. On dit ainsi » mè Tja wè » pour dire « je te suis quitte ». En outre, le préfixe Bi indique plus souvent en bassa la notion de pluriel. Le mot Bitjaga signifie «main levée» c'est-à-dire l’acte qui fait cesser les effets d’une saisie, d’une opposition, d’une hypothèque ou d’un gage. Pris dans le contexte de son utilisation nommer un enfant Bitjaga ou Bidjocka signifie que le père vient d’être dégagé d’une hypothèque pesant sur lui. Ainsi le fait que notre aïeul Tum Makan ait appelé son fils Bitjaga bi Tum signifie que cet enfant est une bénédiction en ce qu’il arrive après une délivrance, une libération d’un fardeau.

Un nom Béni à travers l’histoire.

Histoire de la famille Bidjocka atteste de cette bénédiction car en effet Bidjocka Bi Tum notre père, grand ou arrière grand père est devenu du temps allemand, le tout premier chef supérieur du pays bassa, bati, mpoo ; il a été suivi dans cette voie par son fils Bidjocka Jacques.  Et depuis, le nom Bidjocka n’a pas cessé d’être béni si l’on s’en tient à ceux qui l’ont porté toutes familles confondues. Citons par exemple les journalistes camerounais Simonde Barlev Bidjocka, Augustin Bidjocka et Pamela Egbe Bidjocka ou le lutteur franco camerounais Paulin Bidjoka pour ne parler que de ceux qui ne sont pas du village Bidjocka. Pour le village nous citerons feu Bidjocka Marc qui a été fonctionnaire international en sa qualité de secrétaire général de l’Union Africaine des Assurances et cofondateur des assurances Socar. Nous citerons également Bidjocka Etienne qui a été un des premiers directeurs de l’administration fiscale camerounaise et le doyen dans la profession aujourd’hui en tant que président de l’assemblée générales des conseils fiscaux du cameroun.

Malgré des oppositions multiples, ce nom ne cesse de croître si l’on s’en tient par exemple à sa diaspora qui compte plus d’une centaine de représentant en Europe-amérique dont les plus célèbres sont le plasticien Bili Bidjocka, le producteur Victor Bidjocka (dernier producteur de feu jean Bikoko Aladin) ou l’entraîneur de tennis Jacky Bidjocka. Il n’est pas superflu de citer Hervé Tum, ce Bidjocka qui est un footballeur professionnel qui a porté le maillot de l’équipe nationale fanion. La liste n’est toutefois pas exhaustive et nous aurons l’occasion d’y revenir.

Béni soit le nom de Bidjocka.

Nul n’ignore les nombreuses attaques que subissent les membres de la famille Bidjocka, tant individuellement que collectivement. C’est ainsi que sous la sinistre impulsion du Pr Nguimbous, ce nom historique a été provisoirement effacé du fronton de la gare et le village qui porte ce nom divisé. Cette situation a assez duré et elle doit prendre fin ; c’est à chacun de nous qu’il appartient d’y mettre fin.
Comment ? En n’utilisant pas les tactiques machiavéliques de nos ennemis c’est-à-dire le mensonge, la calomnie, la manipulation, la magie et le faux. Il faut rappeler que notre aieul Bidjocka Bi Toum ne nous a laissé comme héritage que le nom de Jésus Christ comme l’atteste les deux églises qu’il a fait implanter dans son village ainsi que son baptême sur son lit de mort. La bible déclare : « Bénissez vos ennemis et priez pour ceux qui vous haissent ». Mais avant tout priez et bénissez la famille et le village  Bidjocka ainsi que tous ses membres. Priez pour contrer les esprits méchants, les sorciers et les démons qui travaillent dans les ténèbres pour nous détruire. Priez pour la protection, pour la santé, pour la foi, pour la prospérité et pour les foyers des habitants de Bidjocka.

Elevez chaque jour au moins une intention de prière en faveur du village de Bidjocka, de ses dirigeants (en particulier son chef afin que Dieu lui accorde beaucoup de sagesse). Priez pour que cette famille soit unie selon Christ, priez pour que ses enfants soient bénis dans leurs diverses entreprises, priez pour ses fils et ses filles se marient, priez pour que ces couples soient heureux, priez pour que ses habitants se détournent du péché, de la sorcellerie, de l’adultère, de la fornication, de la jalousie, de la paresse, de la haine, de la violence, des excès de vin. Priez afin que nos ennemis visibles et invisibles mordent la poussière, priez pour que la confusion s’installent dans le camp de l’ennemi, priez afin que tous les plans sataniques contre nous soient voués à l’échec, priez afin que les actions méchantes contre nous retournent à leur expéditeurs.

J’invite tous les ressortissants de Bidjocka à donner leur vie à jésus afin d’être libérés de toute malédiction et de maintenir leur délivrance. Je proclame au nom de jésus Christ que les temps des larmes sont passés et que Dieu rend toutes choses nouvelles. J’annonce que les jours d’humiliation sont passés et voici venir des temps nouveaux, des temps de bénédiction, des temps de restauration pour notre village. Je déclare que Dieu aime le village Bidjocka et tous ses membres car il dit : « la main qui blesse guérira ». J’invite donc au nom de Jésus Christ, tous les habitants de Bidjocka à revêtir le sac et la cendre, à se repentir de leurs péchés et des péchés de leurs ancêtres dans le jeune, dans les prières et dans les supplications (Lire le livre de Daniel chapitre 9, lire aussi Deutéronome chap18 et chapitre 28).
Souvenez vous les paroles de notre Seigneur jésus Christ : « Si deux personnes s’accordent sur la terre pour demander à Dieu quelque chose, cela leur sera accordé ». Et tous les membres de la famille et du village Bidjocka sont d’accord pour que Dieu fasse descendre sur eux la bénédiction des cieux.
Alors mes chers frères Priez, Priez et Priez toujours car l’heure de la délivrance a sonné.


Francis Bidjocka.



10 novembre 2010

Bili Bidjocka, une expérience poétique

Bili Bidjocka

© Vincent Fournier/J.A. Ce plasticien d’origine camerounaise crée des « instants de poésie ». Sa dernière expo racontait ainsi l’improbable rencontre entre Saint Louis et Soundiata Keïta...



Bili Bidjocka peint des instants de poésie. Sans toile, ni pinceaux, ni peinture. Un paradoxe qu’explique sans doute le malentendu fondamental qui oppose l’artiste camerounais à une vieille institution française : le musée du Louvre. Enfoncé dans un fauteuil club élimé, chapeau de feutre vissé sur le crâne et clope au bec, l’homme peut disserter pendant des heures sur son rapport – complexe – à la peinture. « En tant qu’artiste, je suis né à Paris dans les années 1990. J’ai fait les Beaux-Arts, mais je ne parvenais pas à peindre les corps. Je n’arrivais pas à me projeter dans l’espace de la peinture telle qu’elle est représentée au Louvre », dit-il. Pour en savoir plus, il faut patienter : Bidjocka apprécie que la conversation s’enroule et se dissolve, à l’image de la fumée de sa cigarette qui monte en spirale vers le haut plafond de son atelier des Frigos, lieu de création parisien. Mais après quelques chemins de traverse et passages du coq à l’âne, les mots justes sont lâchés, sans drame ni affect : « Au Louvre, il manque le Noir et le féminin. » Quiconque a arpenté les salles du vieux musée le sait, les femmes peintres y sont rares et les artistes africains introuvables. « Absence du Noir, absence de la femme, pour moi le manque est le même. C’est ainsi que j’ai découvert que je pouvais avoir un langage semblable à celui de Louise Bourgeois, qui travaillait autour du fil, de l’araignée… J’ai décidé de faire des œuvres femelles. Une sculpture ne s’érige plus, on peut la suspendre, ça modifie considérablement les choses ! »



La robe suspendue, flottant dans le vide comme pour dire l’absence du corps – ou sa présence possible –, est ainsi une figure essentielle du travail de Bidjocka. Dans le cadre apaisé de l’abbaye de Maubuisson (Val-d’Oise), le Camerounais a suspendu treize robes démesurées dans l’ombre de l’ancienne grange, pour son exposition « Fictions #3 », en août dernier. Éclairées de l’intérieur, elles rappellent les robes cisterciennes mais ont été fabriquées au Mali et portent des signes qui semblent renvoyer à l’alphabet arabe… « J’essaie de créer les conditions d’une expérience poétique », soutient Bidjocka. Son imaginaire n’a pas de limites : l’exposition entraîne le spectateur au cœur d’une légende improbable, la rencontre entre le roi de France Saint Louis (1214-1270) et l’empereur du Mali Soundiata Keïta (1190-1255). « Pour l’abbaye de Maubuisson, Bili me paraissait l’artiste idéal parce qu’il a un pied dans toutes les cultures. Il a très rapidement compris le passé du lieu, étant familier de l’histoire de France, de celles de Saint Louis et de Blanche de Castille », confie son ami et commissaire d’exposition d’origine camerounaise Simon Njami.



Pour comprendre cette quête de l’instant magique qui guide l’artiste, sans doute faut-il remonter à l’enfance, à cette époque où, entre 7 et 12 ans (1969-1974), il vivait au Cameroun. Inutile d’attendre des réponses claires ; dès qu’il s’agit de précisions terre à terre, Bili Bidjocka s’abrite derrière une mémoire défaillante. Pourtant, c’est avec un certain luxe de détails qu’il raconte son éveil artistique. « Mes parents étaient catholiques, et je me souviens qu’on allait à la cathédrale de Douala pour la messe de 10 heures. Il y a un moment, pendant le rituel, où le curé prend une grande hostie et la lève vers le ciel. À cette heure, le soleil entrait à travers les vitraux et venait frapper l’hostie. J’avais l’impression de voir l’esprit de Dieu se manifester. J’essaie aujourd’hui de construire ce genre de moment. » Se prendrait-il pour Dieu ? Plus modeste, il se voit plutôt dans la peau de l’architecte ayant conçu la cathédrale.



Si Bidjocka a connu la révélation artistique au début des années 1970, alors qu’il n’était qu’un gamin de Douala, fils de fonctionnaire international, il ne s’est tourné vers la création que bien plus tard. Il y a d’abord eu la danse et la musique, à l’adolescence, peu après son arrivée en France à 12 ans. « J’ai dansé pendant longtemps. Je n’étais pas très bon et, surtout, j’étais mal à l’aise par rapport au fait de m’exposer. » La scolarité est chaotique – « J’ai commencé à découvrir ma vie », confie-t-il. Il trouve parfois refuge dans une pratique instinctive : à Saint-Maurice, en banlieue parisienne, il réalise des collages à base d’ardoises récupérées. « Ça me faisait du bien », avoue-t-il simplement. La peinture, il la rencontre par l’entremise de l’artiste suisse Verena Merz, avec qui il danse. Il se rend souvent dans son atelier et commence à fréquenter les Beaux-Arts de Paris. Le plasticien Jean-Pierre Pincemin, à qui il montre ses collages, le pousse à s’accaparer les monceaux de culture qu’offre Paris. « Une claque. Tout s’est mis en place. Je me suis remis à mes chères études avec acharnement. » Il passera trois mois dans l’atelier de l’artiste belge Pierre Alechinsky, avant de se faire virer parce qu’il ne veut pas

dessiner. « Je m’y croyais. J’avais tort, c’était une posture. J’étais trop dans l’enthousiasme. J’avais besoin de faire ce travail de dessin. » Aux Beaux-Arts, il se contentera pourtant de suivre les cours théoriques.



Installé aux Frigos dès 1985, Bili Bidjocka fréquente un monde d’artistes et vit de petits boulots – notamment de chantiers. « Le chantier est un moment de méditation. Enduire un mur et le peindre, c’est une expérience à vivre. » Le coup de chance, c’est une nouvelle rencontre, celle de la commissaire d’exposition Katerina Koskina, qui cherche des artistes africains pour une expo à Delphes (Grèce). « Je ne peux pas t’aider, je n’en connais pas », lui répond Bidjocka. Résultat : il est balancé dans la cour des grands, exposé au côté de grands maîtres de l’époque, dont le pape du pop art, Andy Warhol. « C’était la première fois que la problématique de l’art africain se posait pour moi. À mon époque, l’Afrique dans l’histoire de l’art, c’est à peine un paragraphe dans les livres, ça n’existe pas. C’est quelque chose que je découvrirai plus tard dans la Revue noire. »



Bidjocka, qui cherche « la grâce », s’éloigne de l’art traditionnel pour lui préférer des installations où les spectateurs peuvent entrer. Guidé par une phrase du peintre Édouard Manet (« La peinture, c’est l’espace qu’il y a entre le modèle et le peintre »), il affirme : « Je considère que je suis peintre en explorant l’espace entre la peinture et moi. » Une position difficile à tenir sur le plan économique. Pour Simon Njami, « Bidjocka va vers l’épure et l’absence. […] Le rythme du marché international dans lequel il faut toujours être présent ne lui convient pas. On ne peut pas mettre ses oeuvres dans un salon. Mais quelques collectionneurs comme, en Afrique, la fondation Dokolo, soutiennent son travail ». Marchand de rêves payé en monnaie de songes, Bili Bidjocka restera un mystère. À moins que Njami ne détienne la clé : « Il se définit lui-même comme noble bassa du Cameroun, et aime à ajouter que ce peuple est composé d’aristocrates anarchistes. »