21 octobre 2007

NOUS N'AVONS DE LECONS A RECEVOIR DE PERSONNE

NOUS N’AVONS DE LEÇONS A RECEVOIR DE PERSONNE.

L’officialisation le 19 octobre dernier du divorce du couple présidentiel français n’a pas dû faire que des mécontents en Afrique où nombreux sont ceux qui aimeraient bien le voir « se casser la figure ». Les raisons d’une telle attitude ne se justifient pas dans la mesure où il ne faut jamais se réjouir du malheur d’autrui. Toutefois, cela nous amène à nous interroger sur la pertinence du discours et de la méthode adoptée par le président Sarkozy en direction de l’Afrique d’une part, et à l’orientation et aux valeurs de la société occidentale (française) d’autre part.

Nicolas Sarkozy a tenu à l’égard des africains des discours moralisateurs du genre : «..Les polygames ne sont pas les bienvenus en France. ». Il a à cet effet stigmatisé les moeurs des africains sur le respect des droits de la femme, lesquelles au regard des européens bien pensant souffre de nombreuses lacunes. La question que nous soulevons ici est celle de savoir ce qui de la polygamie ou de l’adultère est préférable.

A cet effet nous nous intéresserons au cas de Mr Sarkozy qui a épousé en premières noces une honorable dame qui lui a donné deux merveilleux enfants et à laquelle il a promis amour et fidélité. Non seulement il n’a pas tenu ses engagements envers sa femme, mais il est allé jusqu’à faire rompre ceux que. Cécilia María Sara Isabel Ciganer-Albéniz .avait contracté envers Jacques Martin en 1984. Quelques années après avoir contracté de nouveaux engagements par son mariage avec Cécilia en 1996, voilà que le couple se déchire et offre au public le spectacle d’un double adultère où la belle fricote à New York avec un africain (ceci expliquant peut être cela) et monsieur gère une relation « médiatique » avec une charmante journaliste. Un scénario qui n’a rien à envier aux séries à l’eau de rose. Après une tentative réussie de réconciliation, voilà que Cécilia s’envole à nouveau et cette fois pour de bon. Un proverbe bassa dit : « lorsque tu manges la paume de main du chimpanzé, regarde aussi la tienne », en d’autre termes « qui tue par l’épée périra aussi par l’épée ».

Il est donc clair que Mr Sarkozy est très mal placé pour donner des leçons en matière de vie conjugale, monogamique ou polygamique, tout maire qu’il ait été. Pourtant en cette qualité, il devrait savoir que le mariage occidental est assis sur la tradition chrétienne qui veut qu’il soit irrévocable. Ainsi épouser une femme divorcée (surtout si cela est de son fait) est un adultère. Le fait que Mr Sarkozy ait répudié sa première femme n’annule en rien son premier mariage, ce qui signifie qu’il se trouve dans une situation de bigamie aggravée d’adultère.

Voilà donc un monsieur qui promet aux français de tenir toutes ses promesses et tous ses engagements. Il serait donc plus sage pour Mr Sarkozy de balayer devant sa cour que de jouer les donneurs de leçons à une Afrique qui en dépit de sa situation économique et politique reste une référence en termes de valeurs humaines. En cette matière, ce n’est ni le divorce du couple Sarkozy malgré la victoire ou la désunion du concubinage entre Mr Hollande et Mlle Royal dans la défaite qui nous édifierons, pas plus que la licitation des unions homosexuelles ou l’adoption par eux d’enfants innocents. On en vient presque à regretter le sens des traditions de Mr Le Pen qui a au moins le mérite d’être cohérent dans sa démarche.

La société française est malade et cela n’a rien à voir avec l’Afrique. Il n’y avait qu’à entendre la presse française vanter les vertus de la famille recomposée lors de la cérémonie d’investiture (2 enfants pour le père, 2 pour la mère et un pour le couple). Que se passerait-il si par extraordinaire Mr Sarkozy venait à être déchu de sa nationalité française ou alors se trouvait dans l’obligation d’émigrer en Hongrie puis d’y regrouper sa famille ? Assurément il n’y réussira pas surtout si des tests ADN devaient être appliqués à ses « deux filles ».
De grâce, ne nous rendez pas plus idiots que nous ne le somme déjà. Toutefois, nous voulons ici défendre et exposer ici la vision africaine de la sexualité et de sa gestion sociale.

Les pulsions sexuelles, à cause du puissant effet qu’elles exercent sur les individus peuvent conduire à toutes sortes de débordements. Il appartient donc à la société de les dompter, les canaliser et les socialiser. Les secrets de psychanalyse révélés par les travaux de Freud montrent que le processus de socialisation des pulsions sexuelles s’effectue dès la prime enfance à travers notamment le complexe d’oedipe qui en souligne l’aspect conflictuel. Ainsi une grande part du processus d’éducation est consacrée à l’apprivoisement des énergies animales qui font la guerre à la raison et au bon sens.

La famille est donc le cadre le mieux indiqué, le laboratoire dans lequel s’opère l’alchimie d’ennoblissement des pulsions et désirs sexuels. Soulignons que la famille dont il est question ici est prise au sens large (africainement parlant), lequel englobe chez les bantous (bassa-mpoo, dont le village Bidjoka fait partie) l’ensemble du clan. Toute relation sexuelle endogamique est strictement proscrite (c’est-à-dire entre les membres du clan).

Il advient donc que l’individu qui a intégré ces lois et interdits est plus à même de tenir sa place dans la communauté ainsi que d’en défendre les valeurs. Il comprend ainsi que la vie et partant le bonheur est une affaire collective à laquelle chacun doit apporter sa contribution. L’on comprend donc que la cohésion, l’unité et l’harmonie ne peuvent s’obtenir sans sacrifices. Il s’agit donc de consentir à la perte d’une chose afin d’obtenir à terme quelque chose de meilleur. En se refusant toute relation sexuelle avec un partenaire issu du clan, l’on gagne l’élargissement de la communauté et le renforcement des liens de solidarité et d’harmonie.
De même, proscrire des comportements sexuels désordonnés tels que l’adultère (universellement réprimée) participe de la paix sociale et de l’ordre public. La culture pouvant se définir comme la mouvance des sociétés spirituelles, l’on ne saurait accepter, encore moins banaliser des appétits sexuels déviants (homosexualité, zoophilie, pédophilie,..) lesquels sont une négation des valeurs humaines fondamentales.

L’homosexualité nie le principe de reproduction essentiel au maintien de la vie ; la zoophilie souille et avilit l’humanité en ce qu’elle assimile l’homme à la bête et l’entraîne dans le chaos ; la pédophilie détruit l’infrastructure de reproduction et compromet l’avenir de la société.

L’objet de la sexualité dans la règne animal ou végétal est la reproduction. Seulement la vie c’est aussi une fête à laquelle s’invite la joie et le plaisir légitime de l’acte sexuel, de l’amour. Mais faire de l’acte sexuel une fin en soi c’est mettre la sensualité au dessus de la spiritualité, le plaisir au dessus de la vie, le désordre au dessus de l’ordre.

En résumé nous voulons dire que la polygamie qui trouve une justification dans de nombreux contextes passés ou présents est en net recul en Afrique sous la triple incidence de l’émancipation de la femme, du christianisme que des complexités de la vie moderne que nous n’évoquerons pas ici. Seulement, là où elle a encore cours, elle a le mérite d’être claire et franche contrairement à son avatar qu’est l’adultère qui est par excellence pleine d’hypocrisie de mensonge et d’engagements bafoués.

Monsieur Sarkozy, nous n’avons pas de leçons à recevoir de vous, ni de quiconque.

Lord BIDJOCKA.

19 octobre 2007

Nous sommes des ELOG MPOO

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01.05.2005Le Mpooh

LES ELOG MPOO ? VOUS CONNAISSEZ ?

La cuvée 2004 de la fête des Elog Mpoo, les descendants de Mpoo, a rassemblé la diaspora du peule Bakoko à Edéa pendant dix jours. L’apothéose a eu lieu sur l’esplanade, samedi 11 décembre. Et miss Elog Mpoo est une jeune fille de terminale A4. Kwedi serait la reine de beauté selon les critères des Elog Mpoo….

Edéa : l’esplanade de la maison du parti Rdpc est encombrée. On se bouscule. On se dispute. On s’aligne de toutes façons. Personne ne semble vouloir manquer ce moment. L’ambiance monte doucement, mais sûrement. Et lorsqu’on a traversé le petit couloir qui mène à l’espace, c’est comme si on prenait, de plein fouet la fête ! Elle est là : avec les stands gastronomiques. L’espace agoras devenu la scène d’un soir. Les allées et venues. La foule qui se serre. Les disputes que l’on surprend. Le bruit des percussions, qui appellent comme au village. Et les Elog Mpoo qui, en un geste solennel, se lèvent pour chanter leur hymne. Tout d’un coup, des rayons de vert et de bleu se marient aux raies de lumières. C’est que les Elog Mpo portent tous leur pagne comme marqueurs de leurs identités. Ce pagne en bleu et vert, dont les oscillations sous la lumière donnent aux teints noirs un éclat qui rendrait jalouses les djengus. ses déesses de l’eau qui se sont mirées, elles aussi, quelques jours plus tôt sur les bords du Wouri, à l’occasion du Ngondo. L’autre grande fête des peuples de la côte.

L’Océan et la forêt

Tout le monde a son pagne vert et bleu : couleur de l’eau et de la forêt. Comme si les emblèmes de cet autre peuple de la côte et de la forêt, dont les enfants se seraient dispersés depuis un siècle, de part et d’autre du Cameroun, avaient pour fonction de faire se rencontrer des Camerounais, désormais imprégnés par plusieurs cultures.

Mais qu’importe, si chaque enfant de Mpoo, de son vrai surnom “ Lipoo Li Migenda Mi Bet Ben ”, se retrouve en cette fête qui, comme chaque année, depuis maintenant douze ans, a repris le chemin des réjouissances et le sens d’un rassemblement ? Car le Mpoo, comme le Ngondo, comme le Mbog Liiaa, est un moment de réaffirmation identitaire.

Un temps où chacun affiche ses particularismes et revendique ses racines comme exclusives. Et autour d’une revendication identitaire se sont greffées des manifestations festives, avec foire à l’appui ! Des moments pendant lesquels chaque enfant du pays doit faire la preuve de son ingéniosité. La Fête dure dix jours, dirigée par l’Actem. Une association dont l’acronyme signifie “ Assemblée coutumière et traditionnelle des Elog Mpoo ”, dont la création remonte en 1948... Année même de la création de l’Upc.

Année au cours de laquelle, pour contrecarrer ce que l’on croyait être l’influence du mouvement nationaliste en pays bassa et au sein des peuples de la Côte, les colons allaient créer de nombreuses associations culturelles et traditionnelles, avec comme motif que le mouvement nationaliste était un détournement par rapport aux valeurs traditionnelles.

Esocam. Actem. Même combat.

Ce passé trouble, quant à ses origines, n’empêchera pas l’Actem, d’organiser une des plus grandes manifestations populaires de la ville d’Edéa. Car, au-delà des retrouvailles culturelles, qui se limitent à l’exhibition du pagne bleu et vert, des troupes de danse, du concours de beauté et des autres manifestations sportives qui construisent la fête populaire, il y a la formidable affluence des populations de la ville. On s’aligne. On attend. On se distrait à tel stand où naturellement la bière coule à flot et les grillades vont bon train. On se tape sur le dos, on chante avec la voix cassée les chansons du cru, dont la langue oscille entre le duala et le bassa.

Une langue bakoko qui se heurte aux sonorités du duala, tandis qu’elle esquisse un mouvement de ralliement vers le bassa. Tout comme les danses des troupes qui vont divertir ce samedi soir, la grande veillée, le public venu nombreux. Il y a quatre groupes défilent ; chacun danse le makune, l’agrémente d’esewe, tord les reins en un bolobo et la cadence ne quitte pas les rythmes bantous, ni les manières de parler-chanter de ces peuples là.

Comme si l’unité culturelle et linguistique était plus forte que les désirs d’un séparatisme, qui ne se comprend que si on entre dans le détail de la reconstruction des notabilités en cette période où l’Etat a pris ses distances avec la Nation, et où la Nation, trop détachée de son plurilinguisme, semble imposer aux uns, comme aux autres, un retour fractionné et fragmenté autour d’identités qui se ressemblent comme un peuple… Qui eut pour nation l’Océan, et pour Etat, la forêt !

La fête toujours !

La soirée bat cependant son plein. Comme si les gens, venus des quatre provinces (Littoral, Sud, Centre, Océan) et sept départements (Sanaga maritime, Nkam, Nyong et kellé, Bipindi, Moungo, Wouri, Océan), n’avaient qu’une idée : celle de se retrouver et se réjouir. En une semaine. Une soirée. Comme la dernière veillée ! Celle qui rassemble le gratin des Bakoko, du moins tous ces notables qui ont accepté de tomber la veste pour nouer le pagne de leur identité, en un temps festif, où les groupes se succèdent aux autres. Tapant du pied sur des contretemps, dont Pierre Akendengue disait pourtant qu’il faisait l’unité de l’Afrique. Ces moments syncopés et hésitants où les hanches entrent, avec frénésie, en communion et les rondes se forment en un mouvement qui fait basculer les bras et les épaules, comme le mouvement du piroguier.

Autant de marqueurs de l’identité d’un peuple qui a beau chercher des particularités et finit par se retrouver dans ce vaste ensemble des peuples de la côte, dont les langues se sont fragmentées, transformant une matrice forte, issue du kikongo, en plusieurs variantes dialectales et manifestations culturelles qui font le jeu de ceux qui apprirent à diviser pour continuer à imposer les autres langues comme des liants culturels. A entendre le peuple Bakoko, à voir les danses et les mouvements, à entendre les noms, prénoms et acronymes et découvrir les prétentions socioculturelles, force est de relier la fête à un autre dessein. Et si les Elog Mpoo, comme le Mbog Liia, mettaient plus d’imagination à refonder l’unité culturelle des peuples Noirs comme le préconisait Cheikh Anta Diop ? Alors peut-être la Fête serait-elle autre.

Mais initiée en 1948, interdite sous Ahidjo, l’Actem, a joué un rôle de refondation du peuple Bakoko. Redynamisée en 1990, avec la libéralisation, son attachement aux particularités du peuple Bakako, peut en faire un instrument à double tranchant. Mais, la Fête était belle. Et le peuple d’Edéa, pas mécontent d’être là, en une soirée.

Suzanne Kala-Lobé. Publié le 13-12-2004 (Source: http://www.peuplessawa.com/)