La tension est perceptible à Bidjocka, un village situé à 20 kilomètres de la ville d'Eséka dans le département du Nyong et Kellé, ce samedi 8 septembre 2012. Les fils et petits fils du feu Bidjocka Bi Tum, chef supérieur de 1er degré du village Bidjocka, décédé en 1938, sont en conclave. Des morceaux de cartons et des marqueurs ornent une partie du salon abritant la rencontre. Visiblement, de quoi mentionner les revendications, avant de se rendre sur le théâtre des opérations. Il est question de trouver les voies et moyens devant leur permettre de déboucher sur le changement de la dénomination de la gare d’Hikoa-Malep. D'aucuns proposent que la gare soit investie par des manifestants.
Mais d'autres avancent un argument contraire, conseillant d'aller doucement, mais surement. Cette gare ferroviaire, apprend-on, portait le nom du tout premier chef de 1er degré de l'ancienne Sanaga Maritime. «Nous vivons une situation triste dans ce village. Les Allemands avaient attribué le nom de Bidjocka à la gare ferroviaire, pour le récompenser de ses bienfaits en faveur du développement du village. Ce nom est resté ainsi jusqu'en 1982, date à laquelle le Pr. Nguimbous Jean François, avec la complicité du préfet Marc Tchinda de l'époque, ont changé la dénomination de la gare, qui est devenue finalement Gare d’Hikoa-Malep. Nous exigeons que la gare porte son nom initial dans les brefs délais, à défaut de quoi nous utiliserons tous les moyens en notre possession pour faire entendre nos voix» menace Albert Bidjocka, le chef de 3ème degré du village Bidjocka, chez qui une vingtaine de personnes s'apprêtent à tenir une réunion de crise.
«Il a réussi à diviser le grand village Bidjocka qui était très uni, et s'apprête à être intronisé comme chef de cet autre village créé de toutes pièces pour nous déstabiliser, alors qu'il n'est même pas d'ici. Et il avance partout comme argument que notre père était un criminel, se référant sur une décision de justice qui en 1961, avait condamné notre père à mort avec fusillade sur la place publique, pour avoir assassiné le préfet de l'époque, alors que c'était une histoire montée de toutes pièces pour éliminer notre père qui était un upéciste. La chefferie de 1er degré de Bidjocka est vacante depuis 1961», regrette Princesse Christine Bidjocka, cadre en service au ministère des Finances, et fille de feu sa majesté Jacques Bidjocka, fusillé à Eséka avec trois de ses amis, pour des raisons évoquées plus haut. Cette confusion aurait été à l'origine de l'exode de nombreux jeunes, qui craignent les représailles. Ainsi, le village présente aujourd'hui, l'allure d'une localité déserte. L'unique école publique du coin située en face de la chapelle Sendé, est dans la broussaille en cette période de rentrée scolaire. Les travaux de construction de l'unique centre de santé ont été arrêtés. Actuellement, la bâtisse sert plutôt de logement à des individus.
Défense
En face, ces accusations sont balayées du revers de la main. Les uns et les autres ici pensent que ces accusations sont mensongères, et préfèrent se référer au respect des institutions de la nation. «Monsieur Nguimbous n'est pas préfet, encore moins ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation. C'est le préfet Marc Tchinda qui en 1982 a signé l'arrêté changeant la dénomination de la gare. Et le 24 juillet 1994, ce sont les autorités administratives de l'arrondissement de Messondo, sur instruction du préfet lui aussi instruit par le ministre de l'Administration territoriale Gilbert Andzé Tsoungui ont procédé à l'école publique de Bidjocka à une consultation ayant débouché sur l'éclatement du village en deux, qui s'appellent désormais Bidjocka et d’Hikoa Malep. Nguimbous n'y est pour rien» tranche un homme d'âge mûr rencontré au village Hikoa-Malep, qui abrite la gare ferroviaire aujourd'hui. Joint au téléphone Jean François Nguimbous a dit se trouver en Europe, mais a rejeté toutes les accusations formulées contre lui. Il promet d'ailleurs de s'étendre amplement sur le sujet dès son retour le 19 septembre prochain, pour mettre fin à cette malheureuse campagne visant à ternir son image et sa réputation.
Entre temps, la dynastie Bidjocka se dit plus que jamais déterminée à obtenir le changement de dénomination de cette gare, et la réunification des deux villages. Le président de la République a déjà été informé de l'affaire.
A suivre...
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