L’acquis, cher aux existentialistes, renvoie l’inné à l’aube de l’humanité : on est ce que l’on cherche, et la quête précède l’essence. Tout au long de sa carrière, Bidjocka s’est lancé dans une exploration de cet espace infini, en utilisant tous les moyens qui étaient mis à sa disposition : vidéo, installation, acrylique, toile, huile, architecture, poésie, jusqu’à ce qu’il se trouve au point où cette quête a enfin trouvé un sens. Une harmonie, une logique. Cette quête n’avait d’autre objet que la quête, c’est-à-dire, la connaissance. Nous ne parlons pas ici d’une connaissance terrestre, livresque, universitaire, mais d’une connaissance alchimique, quelque chose qui procède de la magie.
La transsubstantiation est au cœur de ce processus qui voudrait, à l’instar du Christ qui donna un autre sens à sa chair et à son sang, transformer le métal en or (mais n’est-ce pas là le Graal inavoué ou assumé de tout artiste ?), percer le secret des choses. Dans ce jeu de miroirs, de faux-semblants et de chausses trappes, dans ce labyrinthe infini que représentent l’art et la vie, Bidjocka tente de découvrir la formule secrète qui permettrait d’abandonner la dimension concrète et matérielle pour accéder à la dimension du sensible pur. Pour cela, il a décidé d’appliquer l’un des préceptes de Boris Vian : « cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée d’un bout à l’autre », auquel il ajoute une pincée de l’écriture borgésienne. Le résultat ? Ce sont ces fictions dans lesquelles il a décidé de nous embarquer, du Cap de Bonne-Espérance à Paris.
Ces fictions se présentent sous la forme d’énigmes, d’équations dont le sens est à révéler. Chercher à les résoudre en dehors de la dimension sensible serait vain car, ce que nous révèle l’artiste, c’est cette simple évidence : nous détenons en nous toutes les réponses du monde. À nous de savoir les employer.
Simon Njami
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