Bili Bidjocka et Jean-Pierre Bekolo |
Publié dans Cameroon Tribune du 01 Novembre 2010
Le plasticien, en
repérage au Cameroun pour le prochain Salon Urbain de Douala, en a profité pour
discuter art à l’espace Doual’art.
Une langue morte.
Telle est la métaphore qu’emploie Bili Bidjocka pour définir la peinture dans
son sens le plus classique. Avec Bili, on n’est plus à l’ère de la peinture à
huile, de l’acrylique et autres, des pinceaux et des toiles à accrocher sur les
murs... Pourtant, Bili Bidjocka se définit bel et bien comme un peintre.
Filière dans laquelle il a suivi sa formation aux Beaux-Arts à Paris. Loin de
toute considération commerciale, la peinture du plasticien prend place surtout
dans les musées.
Exposition à l'Abbaye de Mautbuisson |
Un cadre à propos,
parce que la peinture de Bili Bidjocka, difficile à contenir dans un cercle
restreint, s’exprime dans l’espace. C’est une mise en scène, une architecture
scénographique, parfois en mouvement, qui véhicule une idée. C’est une
reproduction à moindre échelle du monde tel qu’il est vécu à l’extérieur, du
temps comme il s’écoule. Et la plupart du temps, il y a inclusion du sujet
humain. C’est tout cet ensemble qui constitue un tableau pour Bili Bidjocka. Et
tout y participe, installation, vidéo, sculpture… toute cette mise en scène est
fortement influencée par la danse et le théâtre, que Bidjocka a pratiqués à une
époque.
New York, Paris,
Tokyo, Berlin, Munich, Delphes… aux côtés de grands comme le maître du pop art,
Andy Warhol, ses expositions suivent le cours de la vie et n’ont pas pour souci
de remporter un succès populaire. Plutôt de pousser les gens à s’interroger, à
prendre le temps de regarder autour d’eux, à expérimenter des situations. Comme
lors de son expo « le principe et la faim », constituée d’une robe faite de
bananes. Une expo qui a duré 45 jours pendant lesquelles les bananes sont
passées de vertes à pourries, avec en prime une odeur insupportable dans les
derniers jours. Il était question de montrer le rapport de l’attraction à la
répulsion. Cette exhibition rentrait dans le cadre d’un travail d’une dizaine
d’années, "Je suis la seule femme de ma vie", thème qui lui a été
inspiré par l’absence d’artistes féminins au Louvre.
Un extrait de son oeuvre: l'Ecriture infinie |
Autre chose que le
Louvre lui aura inspiré, par le manque aussi de plasticiens africains, une
idéologie artistique qui lui aura permis de se créer un espace d’expression
singulier, favorisé par son installation aux Frigos à Paris. Cette idéologie
est très marquée par la poésie, synonyme de beauté absolue. Et sa
manifestation, Bili l’appelle "Perfect Lover". Cette poésie est
également scripturale, et ouvre d’autres univers au peintre : « C’est
effrayant, parce que je sors de plus en plus de la fabrication d’objets pour
l’écriture ».
L'écriture infinie, un espace où chacun participe en s'exprimant sur une page blanche |
Dans ce cadre, Bidjocka est en train de réaliser l’œuvre de toute
une vie, « L’écriture infinie », un projet de livres gigantesques de 6000
pages, qui vont faire le tour du monde. Des ouvrages vierges que la planète
entière aura la mission de remplir. Sa mission à lui, dans le court terme, être
prêt pour le Salon Urbain de Douala, en décembre prochain.
Commentaires (0)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire