Le
Pr Narcisse MOUELLE KOMBI, Ministre des Arts et de la Culture et Grand Notable de BIDJOKA, a reçu à Ngog Lituba, les attributs
du pouvoir intemporel de la part d’un imposant collège des MBOMBOG conduits par
plusieurs ressortissants du village de BIDJOKA. C’était à l’occasion de sa tournée
de recensement du patrimoine matériel et immatériel de la province du Littoral.
Un
voyage mouvementé
Peu de temps après son départ, un des véhicules de la délégation ministérielle est
victime d’une panne. Après plusieurs tentatives de dépannage infructueux, le
cortège va continuer sa route avec un véhicule en moins et près d’une heure de
retard sur le programme prévu. Le reste du parcours se déroule sur une piste
sinueuse et relativement accidentée, à travers les départements de la Lékié par
Evodoula, du Nyong et Kellé par Nguibassal et de la Sanaga maritime par Kikot
et enfin Nyambat. C’est effectivement dans ce village située au cœur du Canton
BATI qu’est localisée NGOG LITUBA, la grotte sacrée des Bassa Bati Mpo’o.
Des
atouts touristiques certains

Après une lente traversée de la forêt aux longs arbres limitant le champ visuel, l’horizon s’éclaircit progressivement à l’approche de la Sanaga, fleuve mythique et caractéristique de l’identité de la majorité des peuples bantous du sud Cameroun. La Sanaga, ce fleuve aussi appelé fleuve Cameroun, qui tire sa source des froids plateaux du septentrion, puis s’étire le long de ses 918 Km, traversant au passage les quatre régions de l’Adamaoua, de l’Est, du Centre et enfin du Littoral pour se jeter dans les eaux humides de l’océan atlantique à Yoyo. Il faut toutefois relever que le potentiel économique et touristique de la Sanaga dans cette région reste inexploité. Ce fleuve qui se divise en de nombreux bras offre des possibilités certaines en termes de pêche, d’aquaculture et de pisciculture. L’aménagement de ses berges ensoleillées donnerait à ce paysage envoûtant des airs de Marina.
La traversée
de deux imposants ponts sur la Sanaga entre Mbébè et Kikot, vient rappeler à
notre souvenir la mémoire de tous ces valeureux camerounais, forçats anonymes, dont
le sacrifice a permis ces grandes réalisations. Un exemple à méditer pour
les générations présentes qui doivent comprendre le développement à un prix qu’il
faut être prêt à payer!
A
la découverte de NGOG LITUBA
Un mystère
ou mieux une curiosité géologique ! Voilà les mots qui caractérisent le
mieux Ngog lituba ou Ngog litua ou
encore Ngok lipondo selon que l’on est Bassa, Bakoko ou Bati. La présence
d’un tel rocher au milieu d’une vaste plaine située en pleine savane intrigue. Selon
certaines hypothèses, il s’agirait d’un météorite qui aurait atterri dans la
zone il y a plusieurs milliers d’années.
Selon plusieurs historiens, les ancêtres du peuple Bassa Bati Mpo’o, en compagnie d’autres groupes bantous, sont partis de l’Egypte pour échapper à la domination arabe, et sont venus s’installer dans les plateaux verdoyants de l’Adamaoua. Ils n’étaient cependant pas au bout de leurs peines car déjà fondaient sur eux les hordes djihadistes des cavaliers fulani partis de l’émirat de Sokoto sous la conduite d’Adama.
C’était
le début d’un nouvel exode qui s’achèvera au pied de la grotte sacrée. D’après la
tradition, nos ancêtres étaient sur le point d’être rattrapés par leurs
poursuivants sur cette plaine qui n’offrait pas de refuges naturels. C’est
alors qu’ils aperçoivent subitement, tel un lapin sorti du chapeau d’un
magicien, ce grand rocher comportant une petite ouverture sur un de ses flancs.
Pris au dépourvu, ils décident d’y entrer avec la ferme intention d’y livrer un
ultime combat. Cela ne sera pas nécessaire car leur ennemi, contre toute
attente, avait rebroussé chemin. Mais que s’était-il donc passé pour qu’un
ennemi si farouche batte aussi facilement en retraite. La raison est toute
simple : à peine étaient-ils entrés dans la grotte que NGAMBI, l’araignée
mygale, avait recouvert l’ouverture d’une épaisse toile d’araignée. Les assaillants
en ont conclu que si des personnes avaient pénétré la grotte, ils auraient
déchiré la toile d’araignée qui en obstruait l’entrée.

Honorés de recevoir pour la première fois de l’heure histoire, un ministre de la république dans un lieu, la communauté toute entière s’est fortement mobilisée sous la coordination de MALET MA DJAMI Mal Djam, pour rendre cet évènement mémorable, et laisser à leurs hôtes un souvenir inoubliable.
Dès
l’entrée dans la Sanaga maritime à Kikot, le ministre a été accueilli au sens
des tam-tams et des chants de liesse par un impressionnant comité d’accueil constitué
des populations, des autorités administratives, traditionnelles sous la
conduite du préfet du département.


Après
un accueil tout aussi chaleureux au pied de la grotte à Nyambat, la cérémonie officielle
a été ponctuée par les discours de circonstance et de bienvenue des différentes
autorités. Prenant ensuite la parole pour son discours, le Pr Narcisse MOUELLE
KOMBI a remercié le comité d’organisation ainsi que le parterre autorités
présentes, des élites, des invités et des populations pour leur accueil chaleureux.
Parlant de l’importance de Ngog lituba, le ministre des Arts et de la Culture a
notamment déclaré :
« Nous sommes ici à Ngog Lituba, point
d’ancrage d’innombrables parentés, lieu de convergence de multiples souvenirs,
espace d’émergence de légendes, de mythes et de cosmogonies qui structure la
relation de l’être Basaa-Mpoo-Bati avec son microcosme et son macrocosme.
Nous
sommes en un lieu de sacralité et de haute spiritualité. En un lieu où
s’affirment avec force l’originalité, l’identité et la singularité de la triple
entité Basaa-Mpoo-Bati.
Ce
lieu est un don du ciel. »
La suite
a été ponctuée par les prestations de nombreux groupes de danse et de musique
qui ont rivalité d’adresse et de dextérité. On peut entre autres citer les
prestations de Ngo Oum Touck et de Tony Belle de Petit Pays, dont on a découvert
des origines dans la contrée.
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Les femmes Bati à l'honneur |
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Danse avec les Minkuk |
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Quelques encouragements aux artistes |
La cérémonie d’adoubement
Honorés
par cette visite qui témoigne de la haute valeur patrimoniale de la grotte de
Ngog lituba qui constitue son symbole le plus sacré, la communauté Bassa Bati
Mpo’o a voulu marquer sa reconnaissance à travers de nombreux présents. Le ministre
a ainsi reçu des œuvres d’arts confectionnés par des artistes locaux. Puis est
venu le tour des MBOMBOG, des MPEPE et autres patriarches, lesquels ont, au
cours d’une cérémonie d’une grande densité conféré au Pr MOUELLE
Kombi les insignes du patriarcat en lui remettant une canne aux vertus spéciales
appelée YAP, ainsi que le pagne des mbombog.
Mais avant cela, les Mbombog lui ont demandé de transmettre leur gratitude au président de la république, son Excellence Paul BIYA. Joignant l’acte à la parole, ils ont demandé à monsieur le ministre de faire parvenir au Chef de l’Etat un document sous pli fermé ainsi qu’une majestueuse canne d’ébène sculptée enchâssée sur du métal rutilant.
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Une Canne spéciale et un pli fermé des Mbombog adressés au Chef de L’État. |
Mais avant cela, les Mbombog lui ont demandé de transmettre leur gratitude au président de la république, son Excellence Paul BIYA. Joignant l’acte à la parole, ils ont demandé à monsieur le ministre de faire parvenir au Chef de l’Etat un document sous pli fermé ainsi qu’une majestueuse canne d’ébène sculptée enchâssée sur du métal rutilant.
Le village BIDJOCKA doublement honoré
Il y
a lieu de se réjouir de cette distinction qu’a reçu le Pr Narcisse MOUELLE KOMBI,
par ailleurs Grand Notable à la Chefferie supérieure BIDJOKA au cours de deux
cérémonies au cours desquelles il a reçu de nombreux attributs du commandement
tirés du trésor royal. Rappelons que c’est BIDJOCKA BI TUM MAKAN a jadis régi
cette grotte, en sa qualité d’unique Paramount Chief du peuple Bassa Bati Mpo’o
à l’époque allemande, au terme d’une délibération du conseil des Mbambombog
réunies en assemblée extraordinaire au village de Song Yayi au début du siècle
dernier.
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Le ministre recevant des Mbombog les attributs du pouvoir traditionnel Bassa. |
Pour les ressortissants du village Bidjocka, signalons que la délégation des patriarches était conduite par le Pr François NGUIMBOUS. Celui-ci était assisté de M. PONDI SACK et de plusieurs de ses sujets. Au cours de la cérémonie, le Pr NGUIMBOUS a rappelé que Ngog lituba a été créé par HILOLOMBI, le Dieu Tout-Puissant, et que : « Na péna i ta bé, Mbagla i ta bé, Sonna bi tèl i ta bé. Na wa kos dik i i koli ni wé » (Ici il n’y a pas de disputes, pas de divisions, pas de de luttes de positionnement. Ici tu n’aura que ce que tu mérites…). C’est ainsi qu’il a invité l’évêque BOGMIS à venir dire le Notre Père, laquelle prière se termine par : « Délivre nous du Malin ».
Il faut
rappeler que le Pr NGUIMBOUS et sa suite sont tous des natifs de Bidjoka, village historiquement célèbre non seulement pour avoir produit BIDJOKA BI TUM, unique Chef supérieur des temps modernes à avoir règné sur l'ensemble du pays Bassa Bati Mpo'o, mais aussi pour été le terminus du premier tronçon du Chemin de fer construit par les allemands au Cameroun. C'est en hommage à l'oeuvre du personnage éponyme sus cité que les allemands baptisèrent la gare du nom de BIDJOKA Dorf. Ce nom qui constitue un patrimoine national et international du fait des nationalités impliqués, a été injustement troquée par le nom abâtardissant de Hikoa Malep et ce malgré une décision de justice non exécutée jusqu'à ce jour (lire l'article sur la Gare de Bidjoka).
En
définitive les habitants de BIDJOKA ont doublement lieu de se réjouir de ce qu’une
fois de plus, ce sont des rejetons du Village qui ont eu à honorer un des
Nôtres. Comme à Ngog lituba, faisons notre cette devise « A Bidjoka, il n'y a ni disputes, ni divisions. Ce
que HILOLOMBI nous a donné, nul ne peut nous l’arracher ». Bénissons tout le monde !
BEE BINKON.
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Sa majesté Camille MOUTHE A BIDIAS et un autre Chef Bafia. |
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Le Mbombog et Chef Joseph Antoine BELL |
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Quelques rafraîchissements éthyliques |
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Un portrait du Pr Mouelle K. en fibres de bananier |
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Recevant une carte illustré de la Sanaga maritime |

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Un coucher de soleil sur la Sanaga |
Nous sommes ici à Ngog Lituba, point d’ancrage d’innombrables parentés, lieu de convergence de multiples souvenirs, espace d’émergence de légendes, de mythes et de cosmogonies qui structure la relation de l’être Basaa-Mpoo-Bati avec son microcosme et son macrocosme.


